mardi 31 juillet 2007

Les enquêtes de Gabriel Manet - Le change-forme - Episode 7

La sombre vérité

Je poussais la lourde plaque métallique qui bouchait l’entrée.
Et je jetais un regard rapide alentour, rien ne semblait bouger. J’activais mon pouvoir et tentait un nouveau tour de l’immense pièce.
Vide, rien ni personne ne semblait habiter ici, cet entrepôt ressemblait à un garage depuis longtemps abandonné. Les carcasses de voiture qui restaient dans ressemblaient à des squelettes qu’une quelconque charogne aurait laissé là à l’abandon après en avoir ôté la moindre parcelle de chair. Des pièces étaient jetés en vrac de ci de là, des vieux pneus étaient empilés dans un coin, mais rien ne laissait penser qu’une monstruosité comme le change forme que nous poursuivions pouvait loger ici…

Clovis n’était pas là non plus, je commençais à me demander s’il n’avait pas rencontré quelque difficulté pour arriver à pénétrer le bâtiment.
C’est lorsque je le vis arriver l’air inquiet depuis une petite porte sur le côté de la pièce.

-Gabriel grimpe vite, on a un problème je crois… Notre homme est introuvable, à croire que c’était une fausse piste.
-Je ne crois pas que ce soit une fausse piste… regarde tes chaussures….

Quand Clovis baissa les yeux je lus du dégout et de l’horreur, même pour lui qui devait être habitué, du moins dans mon esprit son travail devait l’avoir habitué à ce genre de chose.
Ses chaussures étaient couvertes de sang, l’entrepôt plongé dans le noir, Clovis avait vraisemblablement marché dans quelque chose d’inattendu dans un ancien garage.
J’étais sur le point d’allumer ma lampe torche lorsque Clovis m’arrêta.

-N’oublie pas la bande d’énervés qui n’attend qu’un signe de vie à l’intérieur pour débarquer ici l’arme au poing…Encore heureux que ce mou de commissaire ne connaissait pas cette entrée par les égouts. Bon viens avec moi on va faire sans lumière…

Je suivais Clovis et lorsque je rentrais dans la petite pièce une forte odeur titilla mes narines.
Clovis me montra des bouteilles de produits détergents sur une étagère.

-L’odeur vient de là ce qui explique que l’odeur du sang m’ais échappé…

Il tendit l’index pour me montrer une flaque devant un établi. Celle-ci semblait avoir été faite par quelque chose qui avait stagné sur place quelques secondes, des gouttelettes étaient éparpillées autour, certaines semblant aller sous l’établis.
Clovis s’en approcha et remarque tout de suite la trappe en bois qui été posée contre le mur, il tendit la main et la fit glisser sur le côté dévoilant un trou carré d’environ 1m de côté pouvant permettre largement le passage d’un homme.

-Et bien le commissaire sera surpris lorsqu’il se rendra compte que ce bâtiment n’est qu’un attrape nigaud.
- Crois-tu que ce trou donne sur l’extérieur ?
-Bonne question Gabriel mais je ne pense pas je ne vois pas la lumière de la lune, le trou est trop sombre pour donner sur l’extérieur.
Ton pouvoir est activé, regarde si tu aperçois quelque chose ?

Je regardais dans l’orifice et ce que j’y vis m’horrifia.
Un homme était assis sur une table qui ressemblait à une table d’opération si on faisait abstraction des sangles qui pendaient aux quatre extrémités et qui semblaient faites pour les bras et les jambes. Il avait les jambes qui pendaient dans le vide et semblait jouer avec comme le font les enfants qui s’ennuient sur une balançoire attendant la poussée qui les fera décoller.
Je le voyais de dos mais grâce à mon pouvoir sa véritable identité ne faisait aucun doute j’avais en face de moi l’homme ou du moins le change-formes que nous cherchions.
Il semblait ne pas nous avoir entendus. Je regardais autour de lui il semblait avoir le visage tourné vers ce qui ressemblait à un sarcophage debout contre le mur, il était ouvert et vide, du sang souillait le fond et le contour de celui-ci.
La lumière de la pièce semblait vivante et vacillante, mais elle était suffisante pour voir que le sol était plein de sang, les murs avaient des empreintes de mains et des traces.
Mais il ne semblait y avoir personne d’autre que notre homme. A voix basse je fis mon rapport à Clovis.
Il se dématérialisa pour passer dans l’autre monde et se faufila dans le trou.
Je le suivais avec prudence, mais notre homme dodelinait de la tête comme si il était drogué ou dans un état second, et il ne semblait pas nous avoir vu.
Une fois dans la pièce mes premières analyses se confirmèrent, nous n’étions que trois dans cet endroit, mais une porte semblait être la voie de sortie de cette pièce tout à fait sur notre gauche, sur une portion de mur que je ne pouvais voir depuis l’autre côté.
Clovis mis son index sur ses lèvres pour m’indiquer de faire le moins de bruit possible.
Il s’avança du change forme et sortit son poignard.
Je portais la main au mien près à intervenir et je fis le tour de la table de l’autre côté pendant que Clovis faisait le même mouvement.
Nous nous trouvâmes en face de notre homme en même temps et comprimes qu’il ne ferait dorénavant plus de mal à personne…
Un trou en plein milieu du front d’où coulait du sang et une substance blanchâtre indiquait que notre individu venait de subir une lobotomie et ne nous aiderait surement pas à retrouver la comtesse ni à nous donner des indices sur toute cette affaire.

Le change forme me regarda et pencha la tête à gauche comme pour me voir sous un autre angle. Sa bouche se tordit en un sourire carnassier et il me fit un clin d’œil.
C’est à cet instant que sa main partit en direction de mon cœur.
J’esquivais par un prompt pas de côté et mis en avant mon poignard protégeant mon visage.

Clovis venait de tenter un coup mais le change forme avait esquivé celui-ci avec la facilité déconcertante d’une mouche évitant les mouvements humains.
Le change forme venait en un mouvement de se retrouver debout sur la table d’opération.
Ses doigts griffus comportaient dix ongles qui représentaient dix possibilités de blessures importantes.
Autant il avait l’air complètement déconnecté de ce qui se passait autant il semblait posséder un instinct de tueur qui nous demandait de bien faire attention à ses mouvements.
Clovis me fit signe de tenter de contourner notre ennemi pendant qu’il le distrayait.
Je commençais à me décaler quand le change forme se mit en mouvement, il semblait faire des mouvements totalement sporadiques et incontrôlés et pourtant chacun de ces mouvements était une tentative de nous toucher ou servant à protéger une partie de son corps.
Je tentais à plusieurs reprises de le toucher mais ma lame ne rencontrait que l’air.

Clovis analysait ses mouvements je le savais, il tentait de voir si notre homme laissait une porte ouverte à nos attaques.
Et je fus tout aussi surpris que notre ennemi lorsque Clovis fit exploser une grenade flash devant lui.
Le change forme et moi-même nous fumes aveuglés et immobiles quelques secondes, le temps pour Clovis de planter son poignard dans le cou du change forme, décrivant un mouvement vers la poitrine de celui-ci, il sectionna la jugulaire gauche de notre homme qui se vida de son sang par spasmes réguliers au rythme de son cœur mourant.

Il tomba lourdement en avant et le sang se répandit rapidement autour de lui, Clovis me fit signe de prendre des documents qui étaient posés sur une table d’angle et se dirigea vers la porte.
Il l’ouvrit d’un coup violent et nous nous retrouvâmes dans un couloir qui s’enfonçait sous le sol, au fur et à mesure que nous avancions des bruits venant de devant nous nous firent nous remettre en garde.
Nous débouchâmes dans une pièce qui devait être la chaufferie d’un autre entrepôt. La chaudière marchait et faisait un bruit qui couvrait totalement nos pas.
La porte de sortie était ouverte et nous arrivâmes dans un entrepôt ou tournait d’énormes rotatrices qui imprimaient des documents.
Le papier s’accumulait par terre en fin de chaine en un ensemble totalement chaotique et froissé.
Personne ne semblait travailler ici.

Clovis me montre des immenses trainées de sang sur certains appareils et nous vîmes rapidement les corps à qui ce sang appartenait.

Nous sortîmes rapidement de peur de rencontrer le commissaire et ses hommes.
Nous avions perdus la comtesse dans la nature et le change forme était mort…

Nous avions commencé une mission plutôt facile qui se terminait en fiasco total.
Caïus nous réconforta et nous changea les idées mais nous savions que la comtesse ne laisserait certainement pas tranquille les meurtriers de celui qui l’avait ramenée à la vie.

Et nous ne nous trompions pas…
Mais ceci est une autre histoire.

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