mardi 15 avril 2008

La malédiction de Nishram - Episode 17

Le sens du danger


Lorsque Illuël reprit le pistage le lendemain de l’incident qui avait décidé de leur changement de direction, il ne cessait de regarder dans toutes les directions, cherchant autant sur le sol que dans les airs la présence ou la trace suspecte de poursuivants. Chaque oiseau qui venait à passer plusieurs fois au dessus de la caravane devenait suspect, chaque nuage lointain de poussière pouvait être un cavalier venant à leur rencontre, à tel point qu’il s’épuisa bien plus rapidement que de coutume et qu’il dut demander plusieurs repos à Gerrit durant lesquels le pistage était assuré de manière magique par Kilsham et Lazareus. Son frère avait beau le soutenir en lui fournissant des soins magiques et du repos venant de sa déesse, il devait reconnaître que cette pression ne lui convenait pas. Et surtout à mesure que la journée passait il avait l’impression de détecter des indices indiquant qu’ils étaient suivis, devenant paranoïaque au point que ses compagnons finirent par ne plus prêter trop attention à ses avertissements alarmistes réguliers.
Au point qu’ils ne virent pas la poussière soulevée par les chevaux de six cavaliers, qui apparaissait et disparaissait dans l’entretemps entre les sorts qui étaient censés les rendre discrets ce qui avait rendu la chose suspecte aux yeux d’Illuël.
Lors du campement ce soir là et afin de le rassurer Kilsham utilisa un sort lui permettant de transporter sa vue de manière libre, il dirigea le sort dans la direction indiquée par le ranger, et malgré tout ses efforts, il ne parvint à découvrir la trace d’aucun sabot, d’aucun passage humain dans le secteur, ce qui finit de démoraliser Illuël qui partit se coucher de bonne heure visiblement éreinté et mentalement épuisé.


La deuxième journée fut plus calme le ranger ayant pris sur lui de ne pas trop en faire et de laisser ses peurs irraisonnées de côté afin de ne pas gâcher son jugement. La direction prise menait vers le seul passage qui permettait depuis cette vallée de franchir la chaine montagneuse devant eux afin de se rendre à la destination prévue pour accompagner les prêtresses. En cette saison seul le haut de la passe serait recouvert de neige, il lui faudrait donc faire très attention surtout que ce chemin escarpé, étroit et particulièrement sinueux était l’endroit idéal pour une embuscade, mais il avait beau être un très bon et très expérimenté ranger, il devait avouer que le travail sur les routes caillouteuses ou de nombreux passages étaient carrément à même la roche était souvent difficile et inexact. La journée était déjà bien avancée lorsqu’ils se retrouvèrent suffisamment près de la montagne, il décida qu’ils devraient camper au pied de la montagne, pour être sur de ne pas risquer de mauvaise surprise à la nuit tombée s’il s’avérait qu’ils ne trouvaient pas d’endroits où établir leur campement.



- Gerrit nous allons nous éloigner de quelques dizaines de mètres de la piste pour trouver un endroit abrité du vent et facilement surveillable, et nous repartirons demain aux premières heures du soleil, je ne me sens pas de continuer, la nuit sera là tout au plus dans deux heures, ce qui ne nous laisse pas beaucoup de temps pour avancer et trouver un coin accueillant dans toute cette roche.
- Illuël je reconnais là ton esprit de prévoyance, je te laisse choisir le lieu le plus approprié, je vais prendre ton frère avec moi et je vais remonter cette deuxième piste voir si plus loin sur le chemin il n’y aurait pas quelques dangers. Arrange-toi avec les magiciens pour installer toutes les protections nécessaires d’après eux.
- Kilsham je te demande de faire le nécessaire pour effacer nos traces jusqu’au lieu du campement et si possible de faire en sorte que nos chevaux à moi et à Ayïuel ne laissent plus de traces pendant deux heures environs si c’est possible.


Kilsham s’approcha des deux chevaux, il prit un morceau de soie dans une petite poche de sa robe de mage, et l’appliquant sur ses lèvres comme un bâillon il psalmodia des paroles trop doucement pour que quiconque puisse les entendre, le morceau de soie se mit à briller d’un halo pourpre aux liserés or, et il s’envola pour aller se glisser sous chacun des sabots des chevaux. Lorsqu’il retourna dans les mains de Kilsham, Gerrit prit son cheval par la bride et lui fit faire quelques pas dans la poussière pour vérifier qu’il ne laissait absolument plus aucune trace.



- Bien nous vous laissons, pas de bêtises surtout, Dunrad, viens voir par ici s’il te plait ?
- Oui Gerrit que veux-tu ?


Gerrit l’attira légèrement à l’écart du groupe, il jetait des coups d’œil furtif à ses compagnons et lorsqu’il estima être suffisamment loin pour que personne ne puisse les entendre il s’arrêta et se positionna de manière à offrir son dos au reste du groupe et à cacher le nain pour que personne ne puisse voir ce qu’ils se disaient.



- Ecoute Dunrad je crois que nous avons affaire à une vieille connaissance à moi, un sceptre pour être exact, je n’ai pas les détails exact, tout ce que je sais c’est qu’il est extrêmement puissant peut être assez pour avoir pris corps dans l’un ou l’autre de nos compagnons, il n’y a guère que toi qui soit aussi réfractaire que moi à la magie en qui j’ai confiance. Alors ce que je vais te dire est à prendre avec la plus grande attention, si tu repères la moindre chose étrange, le moindre petit soupçon d’une attitude inhabituelle, fais m’en part, je serais absent au maximum deux heures, alors surtout surveille tout le monde.
- Gerrit tu n’as jamais eu l’air aussi tendu, tu ne me dis pas tout exact ?
- Exact, le sort d’il y a deux jours venait probablement d’un shaman, et je me demande si ce salopard de sceptre n’aurait pas fait appel à un shaman orque, voir même à toute une troupe d’orques pour me faire la chasse, et tu connais ma profonde aversion pour cette race et pour ce qu’ils représentent.
- Je vais me montrer vigilant pendant que tu seras absent ne t’inquiète pas.
- Merci mon ami, surtout au moindre soupçon…
- Je fais le nécessaire, je ligote et je bâillonne et j’attends ton retour pour agir et pour  décider je sais Gerrit, je sais, allez file vite avant que la nuit ne tombe.


Gerrit salua le nain et reparti vers Ayïuel, il lui posa la main sur l’épaule et lui fit signe de la tête pour lui indiquer qu’ils prenaient la route, le prêtre tira sur la bride de son cheval et suivit Gerrit à quelques enjambées du campement avant de monter sur son cheval tout comme lui et de partir au trot dans la direction suivie par cet autre chemin.
Les deux hommes chevauchaient depuis de longues minutes sans rien avoir vu comme trace d’un passage depuis au moins des jours voir des semaines, comme si ce chemin n’était jamais emprunté ou presque, Gerrit semblait rassuré bien que cette absence de trace ne lui paraissait pas naturelle. Il se pencha vers Ayïuel et lui parla à voix très basse pour ne pas risquer d’être entendu par des personnes cachées dans les fourrés.



- Ayïuel, si je t’ai fait venir avec moi c’est que tu as un contact privilégié avec la nature grâce à ton rapport avec ta déesse, tu es un homme d’église et personne à part toi n’est capable de parler avec tout ce qui nous entoure pour en tirer des informations capitales, alors écoute moi bien, je voudrais que tu essayes de savoir si des hommes sont passés par ce sentier récemment, et si oui combien et de quelle description.
- Comme tu le sais la description sera fonction de qui me répond, et dans le cas des arbres tu risques d’être déçu par les réponses…
- Je le sais mon ami, mais je ne serais pas déçu, n’importe quelle information peut être valable, de toute façon n’importe quoi sera mieux que rien, vu que nous ne savons pas à qui nous avons affaire.


Le prêtre fit stopper son cheval, il sortit une branche de sous sa tunique, et la manipulant lentement la fit tournoyer entre ses doigts tout en se penchant de droite à gauche comme dans une transe intense et très précisément rythmée. Lorsqu’il cessa ses mouvements il rangea la baguette sous sa tunique, puis fermant les yeux il étendit les bras, Gerrit eu l’impression que la nature toute entière se penchait sur Ayïuel, les branches frémissaient dans sa direction, les feuilles bruissaient comme pour lui parler, il était subjugué par le balais de la verdure quand il remarqua que différents petits animaux semblaient attendre leur tour pour venir parler à l’homme qui les yeux fermés semblait absorber tout ces messages venant à lui.



- Gerrit, la nature est en colère finit il par dire après avoir rouvert les yeux, elle est en colère car elle a été souillée, elle a été arrangée, manipulée, les animaux m’ont dit que des cavaliers au minimum trois sont passés, mais le chiffre ne peut être officiellement confirmé, certains me disent 7 hommes, d’autres moins, d’autres plus, je ne suis pas sur qu’aucun de ces animaux ne sache compter réellement, mais la plupart ont identifié 3 chevaux différents à diverses traces et excréments.
- Ca ne me dit rien qui vaille, et ils ont pu en voir au moins un de ces hommes ?
- Un seul d’après cet écureuil là bas, confirmé par cet arbre qui a senti un froid intense et une impression de mort à son passage, il semble qu’un des hommes soit un novice de Lombra.
- Désolé Ayïuel, mais tu sais que mes connaissances religieuses sont bien maigres, peux tu éclairer ma lanterne sur ces disciples et sur ce dieu que je ne connais que de nom ?
- Et bien disons que Lombra est l’opposé de ma déesse, là ou elle est la vie, la chaleur, la création, Lombra est la mort, le froid, la destruction, c’est le prince du mensonge et l’apporteur de malheur, il est sournois, c’est le mal à l’état brut, leur passage a eu des conséquences désastreuses, cet hérisson là bas a perdu sa famille d’une étrange maladie, cet arbre plus loin est en train de mourir sans savoir de quoi, ces hommes portent les semences de la maladie, de la mort, ils sont les cavaliers qui propagent la mort dans leur sillage.
- Et comment les reconnaître ? Et surtout était ce des humains ou des orques…
- Des humains ils sont tous sur de ça, pour ce qui est de reconnaître un disciple de Lombra, il est tatoué, scarifié, semble en décomposition avancée, et il se peut que tu ne le vois jamais réellement, seulement une image qu’il projette. Ils ont une voix d’outre tombe pour ne rien gâcher, ce sont certainement les plus repoussants être humains « vivants » que tu puisses voir.
- Sont-ils capables de dire quand ils sont passés ?
- Dans la journée mais pas d’heure précise si telle est ta question…
- Nous devons nous montrer prudent et surtout faire plus confiance à ton frère, il semble que d’une manière ou d’une autre il avait senti que quelque chose n’allait pas. Ensuite je ne veux pas paraître alarmiste mais il me semble étrange que cette piste soit empruntée par ce genre de cavaliers quasiment en même temps que nous, je pense donc que nous allons avoir une rencontre d’ici peu. Il se trouve que je n’aime pas les rencontres inattendues, et encore moins quand il s’agit de me surprendre moi…
Ecoute si la nature n’a plus rien à t’annoncer, nous devrions rentrer et préparer notre avancée de demain avec ton frère, il faut que vous trouviez comment nous éviter cette mauvaise rencontre, tout au moins comment nous prévenir à temps pour la gérer du mieux possible.
- Gerrit des arbres me demandent d’avancer dans un bosquet voir un animal malade, je ne peux pas le laisser là sans rien tenter, je n’en ai pas le droit.
- Je t’accompagne de toute façon je ne peux pas te laisser seul sans même savoir si ces cavaliers ne sont pas encore dans le secteur.


Gerrit jeta un regard circulaire sur le nature qui s’assombrissait à mesure que le soleil commençait à décliner à l’horizon, ne voyant aucune ombre suspecte ou aucun mouvement de feuillage pouvant lui mettre les sens en alerte il posa pied à terre comme Ayïuel oubliant la plus élémentaire prudence concernant leurs traces, leurs chaussures marquant la poussière de la piste alors que les sabots de leurs chevaux ne laissaient toujours aucune trace.
S’enfonçant dans une végétation qui devenait par moment épaisse, les deux hommes s’avançaient dans ce qui aurait pu sembler un piège de verdure si Ayïuel n’avait semblé sur de lui et de la direction à suivre, après quelques minutes éprouvantes surtout pour leurs montures les deux hommes arrivèrent à l’orée d’une minuscule clairière dans laquelle une étrange lueur dorée palpitait par intermittence. Gerrit sur ses gardes ne voyait pas ce qui pouvait faire cette étrange lumière, il cherchait les traces d’un pièges qui aurait pu se refermer sur eux et ne voyant rien eu l’impression que quelque chose n’allait pas. Il tendit le bras en direction Ayïuel et le retint d’avancer plus avant.



- Quelque chose n’est pas clair mon ami, cette clairière me semble étonnante et surtout tu m’avais parlé d’un animal hors la seule chose inhabituelle est cette lumière dorée, et je ne connais nul animal qui émette ce genre de signal étrange.
- Pourtant mes sens et les messages qui m’arrivent me poussent vers cette lumière, je sens une détresse terrible s’en échapper, peut être est-ce un représentant des peuples féeriques, peut être s’est il blessé ou le passage du novice l’a touché d’une manière qui nous échappe en tout cas je dois me rendre près de lui ou d’elle et voir comment l’aider.
- Je n’aime pas ça du tout…


Gerrit sortit son épée de son fourreau, se tournant sans arrêt dans toutes les directions il laissa le prêtre s’approcher de la pierre et de la motte d’herbes qui cachaient ce qui émettait la lumière tout en le suivant avec lenteur et attention. Lorsqu’Ayïuel fut assez près il vit une étrange petite créature diaphane reposant sur un lit de mousse, les bras et les jambes étendus dans des positions anormales comme si la petite créature était une marionnette désarticulée tombée des mains de son marionnettiste. Il approcha doucement tentant de voir si le petit corps qui semblait léger comme une plume donnait encore signe de vie en dehors de cette petite lumière ténue.


Gerrit vit en quelques secondes le mouvement qui s’amorçait, la pierre et l’herbe parurent se soulever comme s’élevant dans les airs devant eux. En quelques secondes les deux hommes se retrouvèrent avec une montagne vaguement humanoïde face à eux, la créature semblait faite de roche, d’herbes, une atrocité de la nature qui s’élevant maintenant sur ses deux jambes leur fit découvrir que la lueur dorée et la pseudo créature était restées sur le haut de ce qui devait lui servir de crane, et que le sol autour de ses pieds ressemblait à un nid creusé à même le sol épousant à priori parfaitement sa forme lorsqu’elle était couchée dedans.
Gerrit jura, serrant son arme à s’en faire blanchir les phalanges, il n’avait pas pour habitude d’être effrayé, mais la masse gigantesque qui se dressait devant eux, et qui devait largement être deux à trois fois plus grande que lui, par son côté massif et imposant avait un côté impressionnant qui ne le laissait pas de marbre.
Ayïuel recula tenant toujours son cheval par la bride qui semblait manifester des signes de nervosité mais qui était encore contrôlable pour le moment.
Il ouvrit les bras en psalmodiant des paroles indistinctes et la nature sembla prendre vie, des branches, des lianes, des racines semblèrent s’animer,  pointant et s’étirant dans sa direction, comme si elles étaient irrémédiablement attirées par son corps. Lorsqu’elles se touchaient, elles s’entortillaient, s’épaississant à mesure des secondes qui passaient, jusqu’à ressembler à de gigantesques appendices comme autant de tentacules d’un monstre gigantesque.


Gerrit sur le qui vive venait d’éviter l’un des bras de la créature qui heurtant un arbre le brisa et le déchira comme un éclair aurait pu le faire, avec la même force et la même facilité.
Il avait un avantage sur cette espèce de golem monstrueux qui résidait dans sa vitesse. Alors que le monstre avait encore le bras à moitié pris dans les débris de l’arbre, Gerrit frappa ses jambes, heurtant violement la roche dure qui stoppa net son arme, l’onde de choc se propagea dans son bras et dans son coude lui tirant un cri de surprise et de douleur.
Il se retourna et vit les appendices commencer à se former, comprenant que quelque chose était en train de se préparer du côté de son compagnon il comprit qu’il devait occuper la monstrueuse créature au moins jusqu’à ce que Ayïuel fasse quelque chose.
Réfléchissant en même temps qu’il agissait Gerrit décida de servir de cible à la créature aussi longtemps que nécessaire, prenant son cheval par la bride il l’entraina à sa suite rapidement, lâchant les lanières de cuir il lui tapa sur l’arrière train pour le faire déguerpir de l’autre côté de la clairière, se retournant juste à temps pour voir arriver le poing titanesque du monstre et pour tenter de l’esquiver. La douleur qui s’éveilla à son flanc lui indiqua qu’il n’avait pas été suffisamment rapide, mais il n’avait pas le temps de s’apitoyer sur son sort, il devait trouver un moyen de faire du mal à cet adversaire qui paraissait très résistant.
Le regardant il cherchait à voir si un morceau du corps de la bête semblait différent du reste, par le passé cette technique lui avait sauvé plusieurs fois la vie, mais force était de constater que dans le cas présent rien ne permettait d’identifier quoi que ce soit dans le genre à part peut être l’espèce de fausse fée coincée sur le haut du monstre et rendu totalement inaccessible par la taille de celui ci.
La bête avança vers Gerrit d’une démarche inégale et mécanique, Gerrit saisit l’occasion prenant appui sur le sol il posa un pied sur ce qui ressemblait à la cuisse du monstre et s’en servant comme d’une marche il tenta de continuer son ascension tandis que les bras lents et lourds du monstre fouettaient l’air à la recherche de cette proie trop rapide.
Mais pour Gerrit la montée se termina rapidement et malgré ses moulinets et ses tentatives de frapper à l’emplacement que devait occuper la petite forme qu’il avait vu quelques minutes auparavant il ne parvint pas à l’atteindre. Finissant son mouvement au sol sur le côté de la bête il continua dans le même mouvement de manière à se mettre hors de portée des longs bras.
Cherchant comment l’atteindre, il était tétanisé et perplexe ne comprenant pas de quelle manière il avait une chance de blesser cette bête, il crut d’ailleurs que son esprit surchauffé était le responsable des ricanements qui l’entourait, mais ce n’est que lorsqu’il vit les gobelins sortir des sous bois qu’il compris que toute cette affaire n’était qu’un vaste piège, probablement que ces vermines aidaient le monstre quand il n’y arrivait pas de manière à dépouiller les victimes qui devaient servir de déjeuner à l’horreur mouvante.


Devant Ayïuel désormais se dressait un amas de végétation à la forme vaguement humanoïde lui aussi, d’une taille légèrement inférieure à celle du monstre de roche il n’en était pas moins impressionnant car plus massif et plus ramassé, il semblait plus puissant aussi. Mais il était aussi plus lent, commençant à se déplacer il partit en direction du monstre orienté par Ayïuel qui devait maintenir une concentration totale sous peine de voir son enchantement réduit à néant. Gerrit voyant que son ami semblait comme en stase, compris qu’il devait à tout prix lui éviter de se faire déconcentrer, dans le même temps il devait éviter le monstre de roches, tout en s’occupant des gobelins avant que ceux ci ne fassent du mal à Ayïuel et ne risquent de faire que le sort ne soit perdu. Il ne savait pas combien d’ennemis exactement il avait mais ils étaient nombreux, trop pour un seul homme probablement les gobelins n’attaquant qu’en surnombre, le combat risquait de tourner court si il n’était pas efficace. Prenant un couteau de jet à la ceinture, il évita un nouveau coup du monstre rocailleux, et le lança atteignant un gobelin en pleine poitrine et le faisant tomber à la renverse sous la force de l’impact, le tuant sur le coup. Le golem végétal malgré sa lenteur était à sa portée du monstre, et lui asséna un énorme coup sur l’un de ses bras, le choc fit résonner et trembler la clairière. Le monstre de roches se désintéressa immédiatement de Gerrit pour s’occuper de celui qui venait de le heurter avec une telle force.
Gerrit reconnaissant sa bonne étoile, prit quelques secondes pour faire un rapide balayage de la clairière et voir où étaient les ennemis comptant rapidement les forces en présence.
Retirant deux couteaux de lancer de sa ceinture il visa deux gobelins situés près d’Ayïuel et n’attendant pas de savoir si les deux couteaux avaient touchés, il fit un roulé boulé vers une partie de la clairière où se trouvaient plusieurs vermines piaillant et gesticulant de manière désordonné.


Alors qu’il se dressait pour leur faire face il sentit plusieurs douleurs tandis que s’enfonçait dans ses chairs des pointes dans ses jambes et dans son dos. Faisant fi de la surprise et de la douleur lancinante des muscles blessés par les projectiles il balaya d’un mouvement circulaire de sa lame dans le groupe de gobelin tranchant l’un deux complètement et entrant profondément dans le suivant la lame se bloquant dans le corps du monstre entre les os et les viscères. Alors que d’un violent coup de pied il dégageait sa lame une autre des petites vermines venait de lui enfoncer dans la cuisse une petite dague, lui faisant plier la jambe et poser le genou au sol. Posant la main sur le sol pour ne pas s’effondrer Gerrit grogna de douleur le sang chaud coulant sur sa jambe lui rappelant qu’il devait tout faire pour qu’Ayïuel puisse s’occuper du monstre de roche.
Plantant la lame de son épée dans le sol pour s’en servir comme d’une canne et se relever Gerrit vit en analysant la situation rapidement que ses deux couteaux de lancer avaient remplis leur office. Il se rendit compte que vers Ayïuel il y avait encore 3 gobelins et qu’autour de lui ou dans la portion de la clairière qui était plus proche de lui que du prête il pouvait en voir encore 5 autres.
Celui qui avait planté la dague dans sa cuisse hurlait de sa voix stridente à côté de Gerrit alors qu’il tentait de manière maladroite de la retirer, cherchant comment attraper la garde sans risquer que Gerrit ne le capture ou ne le blesse.


Ayïuel voyait par les yeux de son golem de végétation, il frappait par ses poings. Le monstre de roche semblait ébranlé par tous les coups qu’il prenait mais pourtant il ne lui semblait pas voir apparaître de dégâts sur le corps et il ne comprenait pas où pouvait se trouver le point faible du monstre. N’étant pas totalement déconnecté de ce qui l’entourait il vit tomber deux gobelins victimes de couteaux de lancer.
La puissante silhouette de son golem fondit sur le monstre de pierres à nouveaux, les coups pleuvant. Mais le golem de roche ne semblait pas ciller et ne semblait pas sentir les coups.
Dans un appel silencieux et désespéré Ayïuel pria sa déesse de lui venir en aide pour terrasser le monstre qui leur faisait face.
Une vapeur verte et or s’échappa de son corps se dissipant dans l’air et s’engouffrant dans les branches de la végétation environnante.


Gerrit ressentit à nouveau les piqures désagréables et douloureuses qu’il avait déjà senti quelques minutes auparavant, n’arrivant pas à se relever, il vit que l’une de ces piqures était du à une flèche plantée dans son flanc, tirant dessus pour la faire sortir, le barbillon de la pointe arracha des chairs qui le firent grimacer de douleur, ces petites vermines commençaient à devenir désagréable. Au prix d’un effort surhumain il se campa sur ses deux jambes, la main tenant son épée la maintenant plus qu’elle ne la portait. Se demandant pourquoi il se sentait si faible il imagina que soit les multiples blessures étaient en train de le vider de son sang, soit que ces petits monstres sans cervelle avaient enduits leurs armes d’une substance empoisonnée.
Attrapant encore un couteau à sa ceinture il visa et le lança de manière imprécise ratant totalement sa cible, et l’envoyant se perdre dans les herbes hautes.
Les deux gobelins les plus près de lui approchant avec des petits glaives en main, il tenta de faire front, lançant sa lame dans leur direction, manquant perdre l’équilibre et ressemblant à un homme saoul dans ses mouvements.


Ayïuel entendit la nature s’éveiller, des arbres qui se trouvaient à porter du golem de roche commencèrent à faire pleuvoir sur lui des coups de leurs branches les plus lourdes et les plus épaisses. Tous les arbres tentant de toucher ce qui ressemblait à une minuscule fée, Ayïuel bien peu habitué ces dernières années à des rencontres de ce genre compris que le monstre devait avoir un point faible et qu’il était probable que ce point faible se situait à cet endroit là, dirigeant son golem végétal il le fit s’approcher du monstre de roche suffisamment près pour lui asséner un fantastique coup qui écrasa la forme reposant sur ce qui devait ressembler à un crane, un son retentissant de déchirure emplit la clairière alors que le corps du monstre semblait se fissurer de part en part et qu’il s’effondrait dans un fracas épouvantable. C’est à ce moment là qu’Ayïuel sentit les pointes des glaives rentrer dans ses chairs et que la douleur le sortit de sa concentration, son golem végétal s’effondrant en un amas informe de lianes et de racines sans vie.
Hagard de son réveil brutal Ayïuel tenta de se relever rapidement cherchant Gerrit du regard.
Il le fit tomber à genoux, couvert de sang 5 gobelins dansant et gigotant autour de lui comme autour d’un feu rituel au soir d’une cérémonie macabre.
Se retournant il fit face à ses deux agresseurs tenant leurs glaives ensanglantés dans leurs mains fines et poilues.
Ayïuel planta son bâton dans le sol en sifflant entre ses deux des paroles inaudibles et des serpents jaillirent de sous son baton s’avançant de manière menaçante vers les deux gobelins qui se mirent à paniquer sautillant d’un pied sur l’autre comme si cela suffirait à éloigner leurs agresseurs reptiliens.


Gerrit à genoux n’arrivait plus à tenir sa tête relevée, il ne comprit pas ce qui se passait autour de lui et ne sut jamais pourquoi les gobelins avaient cessés de le harceler.
Ayïuel qui s’était retourné pour prêter main forte à son compagnon vit un sanglier qui venait des sous bois et qui faisait voler les gobelins à grand coups de cornes et de dents acérés, ruant, se précipitant et réduisant en charpie les 5 derniers agresseurs.
Il courut vers Gerrit pour voir l’étendue de ses blessures et remarqua qu’il ne semblait pas aussi lourdement touché que ne le laissait entendre son état physique déplorable.
Prenant son bras par dessus son épaule il l’entraina en direction des chevaux qui s’étaient réunis dans un coin de la clairière.
Les serpents ayant mordus leurs proies et les ayant tués, avaient disparus dans la nature retournés à leur milieu naturel. Quand au sanglier, il mangeait des morceaux de gobelin totalement désintéressé d’Ayïuel  et de son compagnon.
Ayïuel fit grimper Gerrit sur son cheval tant bien que mal, l’attacha avec les rennes comme il le pu, grimpa lui même sa monture et entraina celle de Gerrit à sa suite en direction de leur campement.


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