jeudi 11 octobre 2007

La malédiction de Nishram - Episode 11

C’était il y a bien longtemps, il était revenu de la troisième guerre Orcish, et n’arrivait pas à refaire surface, il avait été abandonné sur le champ de bataille et c’est tout juste si ses supérieurs acceptèrent de lui verser son du pour tout ce qu’il avait accompli lorsqu’ils le virent revenir de la fameuse bataille dans laquelle il s’était à jamais transformé. Il avait du marcher plusieurs jours avant de rejoindre le campement qui avait été déplacé afin de ne pas risquer quelque contagion du à la promiscuité des cadavres que cette fameuse bataille avait répandue autour de la passe des gryphons, surtout au niveau de l’eau qui alimentait le campement et qui prenait sa source au sommet de cette fameuse passe. Et lorsque les hommes le virent approcher, la plupart cessa immédiatement toute activité pour le regarder arriver, il était en guenilles, du sang séché couvrait son corps et la balafre qui suintait sur son visage laissait à penser que la bataille avait été rude, ce que chacun pouvait facilement imaginer puisque dans leur tête il n’y avait aucun survivant.
Il arriva près de la tente de l’état major et sans même s’annoncer ou se faire annoncer il releva la toile de l’entrée à la pointe de son épée et entra à bout de force, s’appuyant sur l’un des poteaux qui maintenait la tente levée.

- Donnez-moi mon solde et un cheval, vous m’avez envoyé dans un traquenard et vous nous avez abandonné tous autant que nous étions sans même venir voir s’il y avait des survivants. Sachez que je n’hésiterais pas si le besoin s’en fait sentir à faire tâter de mon épée à certains d’entre vous.


A la lueur des bougies il vit l’un des hommes rassemblés autour d’une table lever la tête vers lui et lorsqu’il le reconnut il lâcha son gobelet en étain qui contenait un liquide ambré qui se renversa par terre éclaboussant la carte et les pieds des autres personnes présentes.


-Comment, mais, c’est … c’est …
-Impossible ? Et pourtant si je suis bien devant vous, et je ne vous répéterais pas mes exigences.
-Sei…Sei…Seigneur, mais les mages de combat nous ont certifiés qu’il n’y avait aucun survivant ni d’un côté ni de l’autre. Et quand au prétendu piège on nous a appris que l’ennemi était depuis longtemps infiltré c’est ce qui explique que nous étions mal renseignés quand à cette embuscade.
-Et bien vous auriez intérêt à changer vos mages…. En attendant je désire ma solde et un cheval s’il vous plait…


L’homme ne se fit pas prier et fournit à Gerrit tout ce qu’il désirait tant que celui ci quittait de manière définitive le campement et surtout la bataille, pour aller boire dans un coin n’importe où mais surtout loin de lui.
C’est d’ailleurs ce que décida de faire Gerrit, une fois son solde obtenu, il prit le cheval mis à sa disposition par la bride et s’éloigna du campement dans l’obscurité trop noire d’une nuit sans lune qui sonnait comme le glas de sa vie d’innocence avant qu’il ne découvre qu’il n’était pas comme les autres.
Il marcha de longues heures seul suivit de son cheval, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il n’était plus à proximité du campement, il était perdu dans ses pensées, revoyant les visages presque poupins de certains des hommes, non des gamins qu’il avait du entrainer dans cet immonde massacre, un massacre dont il était le seul rescapé, mais que voulez donc les dieux de lui pour l’avoir laissé survivre avec le poids du remords à cette tuerie…


Il n’entendit pas les branches et les feuilles écrasées par le poids des hommes qui fondirent sur lui, il ne vit qu’au dernier moment l’éclat irréel de leurs yeux et le tranchant noir de leurs armes, juste à temps pour parer le premier assaut composé de deux hommes avec des épées longues.
Il chargea d’un coup d’épaule dans l’homme de droite et détendit son avant bras dans un mouvement circulaire qui trancha dans le plastron en cuir de l’agresseur faisant couleur un liquide épais et poisseux de la blessure.
Il sentit la bride du cheval cesser de résister dans sa main et lorsqu’il se retourna il vit qu’un autre homme venait de couper les lanières de cuir et s’apprêtait à tirer le cheval hors du chemin, il entendit plus qu’il ne sentit l’épée de son adversaire qui cogna sur l’arrière de son armure, trop occupé à chercher comment empêcher celui qui tentait de voler son cheval. Il ne sentit pas le fer aiguisé qui mordit ses chairs et qui s’enfonça profondément dans son flanc.
Gerrit se lança en avant pour pouvoir se trouver à portée de l’homme qui tentait de dérober son cheval, ce faisant la lame qui était prise dans ses chairs ressortit et son sang commença à couler de manière soutenue, un voile rouge recouvrit ses yeux et il ne recouvra la vue que ce qui lui sembla une éternité plus tard, le soleil commençait à poindre, et les couleurs orangées l’accompagnant donnaient aux sous bois des couleurs irréelles qui lui firent penser pendant un instant qu’il avait rendu l’âme et qu’il était désormais sur les terres des dieux cherchant du regard le gibier qu’on disait être disponible à profusion ainsi que les divers plaisirs terrestres accordés au repos de l’âme des guerriers, mais le seul gibier qu’il identifia s’avéra être son cheval qui paissait paisiblement quelques mètres plus loin dans une espèce de petite clairière ombragée dans laquelle le soleil semblait ne pas vouloir se lever.


Il s’appuya sur son épée et manqua de peu retomber lourdement au sol lorsqu’il sentit la douleur qui irradiait son flanc, il porta la main à celui ci et lorsqu’il la ramena devant ses yeux il vit le sang, foncé et épais comme un vin sirupeux collé à ses doigts et qui ne semblait pas véritablement sec. Il sortit une potion de son sac et la bu, se sentant quasiment instantanément mieux, alors que la blessure se refermait magiquement, ne laissant que le sang ayant déjà coulé sur la peau à l’endroit ou la blessure se trouvait quelques secondes auparavant.
Il se rapprocha de son cheval tentant de se remémorer ce qui s’était passé la nuit précédente, mais il n’arrivait pas à revivre les événements qui l’avait mis dans cet état. Une fois qu’il fut proche du cheval, il posa son sac sur sa croupe et remarqua que les rennes avaient été sectionnés, il regarda autour de lui et c’est alors qu’il remarqua les corps qu’il n’avait pas vu à son réveil.
En tout quatre corps reposaient tout autour de l’endroit où il s’était réveillé, un des corps était décapité et la tête manquait à l’appel dans le secteur du corps, un autre était proprement démembré ne laissant qu’un tronc terriblement abimé sur deux jambes et sur le visage de l’assaillant un rictus de peur panique qu’il n’avait jamais vu sur le visage d’un homme, mais qu’il connaissait pour l’avoir rencontré quelques temps plus tôt sur certains des orques présents dans la bataille qui l’avait vu revenir seul survivant des humains.
Les autres corps étaient d’une pièce mais au vu des blessures on aurait pu croire qu’un Grizzli gigantesque avait joué avec ceux ci comme un enfant joue avec une poupée, les trainées sanguinolentes qui marquaient leurs corps et leurs visages faisaient penser à de la bestialité plus qu’à des blessures faites au combat. Et il revit certaines scènes au moment ou ses yeux tombèrent sur la tête du décapité qui avait été projetée presque de l’autre côté de la petite clairière, le regard de cet homme lui fit revivre le moment où il l’avait décapité, il revécu ensuite quelques uns des coups qu’il avait porté et il se rendit compte que malgré ce qu’il avait cru de prime abord les blessures sur ces hommes étaient bien du à une bataille et qui plus est avec lui… Il attrapa le reste des rennes qui pendait de chaque côtés de la tête du cheval et le tira en titubant de manière à retrouver le chemin qui devait le mener jusqu’à la ville la plus proche. Il sentit un haut le cœur et ne pu retenir la bile qui le brula alors qu’il laissait son corps sortir toute l’horreur que lui avait provoqué la réminiscence de ce qu’il avait fait, il savait que ces hommes étaient des bandits de grand chemin et se rappelait désormais qu’ils l’avaient attaqués sur le chemin et tentés de lui voler son cheval mais pourtant il ne pouvait accepter ce déchainement de violence qu’il avait eu envers eux. Une fois que son haut le cœur fut légèrement passé, il se redressa s’essuyant la bouche sur la manche de sa tunique tachée de sang et il remarqua à cet instant que le sang le recouvrait sur quasiment toute la surface de son corps, le peu qu’il pu voir lui rappela la tenue des marchands de viande, lorsqu’ils venaient de dépecer des bêtes entières tout juste tuées…


Il retourna près des corps et les fouilla méticuleusement, il prit tout l’argent que portait les voleurs, ainsi que diverses pièces d’équipement encore en état et pouvant être revendues à la première occasion venue, mais il ne trouva pas de quoi changer ses vêtements souillés. Il décida de ne pas se rapprocher du chemin et au contraire de s’enfoncer un peu plus dans la forêt afin de trouver une source ou n’importe quel lieu avec de l’eau afin de faire une toilette succincte avant de rejoindre la civilisation. Il avança quelques longues minutes et à mesure qu’il s’enfonçait dans la forêt il tendait l’oreille de manière à trouver de l’eau vivante, mais à part le chant des oiseaux qui semblait s’arrêter à chaque fois qu’il se trouvait à proximité, il n’arrivait pas à trouver des traces d’eau ou de quoi que ce soit qui puisse lui indiquer par où aller.
Ce n’est que lorsqu’il avait presque décidé de retourner sur le chemin qu’il entendit gazouiller l’eau sur des rochers, il s’approcha et vit enfin un petit ruisseau qui coulait et au flanc duquel il décida de se poser quelques minutes afin de nettoyer ses vêtements, son corps et son équipement et aussi de laisse se reposer sa monture avant de partir rejoindre la ville qu’il comptait rallier. Il sortit son pain de voyage ainsi qu’un morceau de fromage emporté du campement la veille et une fois sa toilette terminée et ses habits en train de sécher au soleil sur des rochers il entreprit de manger un peu pour reprendre des forces, il décida de s’allonger ensuite quelques minutes afin de se reposer mais chaque fois qu’il fermait les yeux le visage de l’homme décapité revenait à son souvenir et il se revoyait tranchant le cou du malheureux comme s’il s’était s’agit de trancher un brin d’herbe, sans même sentir la moindre résistance et voyant son visage figé au moment ou la tête se désolidarisait du corps et entamait son long vol plané en direction de la clairière. Il reprit ses habits et s’en recouvrit même s’ils n’étaient pas totalement secs et changea les rennes de son cheval avec ceux de rechange qu’il emportait toujours dans son sac. Puis il prit son cheval par les rennes et entreprit de suivre le lit du ruisseau convaincu qu’il devait y avoir trace de vie humaine quelque part le long de son trajet.


Après quelques heures passées sous le soleil ardent à marcher en suivant le ruisseau, profitant de l’ombre des arbres et du frais tout relatif que l’eau qui gazouillait sur les pierres et qui écumait doucement en heurtant les rochers qu’elle rencontrait répandait dans l’air. Lorsqu’il entendit la voix féminine chantonner quelques mètres devant il s’arrêta aux aguets, les dryades ou les nymphes aimaient à charmer les aventuriers males solitaires pour les attaquer et pour les tuer si l’occasion se présentait, et cette voix cristalline semblait trop pure pour être faite par une gorge humaine ou même elfe… Il s’avança lentement, se décalant dans l’ombre des arbres, faisant un détour pour s’approcher sans être vu et afin de garder le bénéfice de l’initiative s’il s’avérait qu’il doive engager le combat avec quelque créature dangereuse.
Il accrocha les rennes de son cheval à un arbre, et il s’approcha silencieusement après avoir laissé son sac à dos sur sa selle, la voix n’avait ni faiblie, ni augmentée, elle ne changeait pas et pour Gerrit c’était le signe que la personne derrière celle ci n’était pas humaine, un instant il s’arrêta pensant que ça pouvait être un sort ou un piège magique et qu’il n’aurait aucun moyen de ne pas se faire avoir, n’ayant aucune compétence dans ce domaine, mais une fois rapproché du bord de l’eau il n’en crut pas ses yeux… C’était une jeune femme approximativement de son âge, qui était en train de prendre un bain dans l’onde pure, une armure de cuir et de métal posée sur les bords de l’eau indiquait que ce devait être une guerrière, et même si Gerrit ne la voyait que de dos, il pouvait deviner qu’elle avait un corps très agréable et très sensuel. Il continua d’avancer et son pas lourd cassa une brindille alors qu’il se rapprochait, la jeune femme tourna la tête instantanément dans sa direction, elle s’était tu et Gerrit remarqua qu’elle avait une dague à la main prête à être lancée dans sa direction.


-Qui êtes vous et que voulez vous ?
-Pardonnez moi gente dame, mais tel que vous me voyez j’étais en train de suivre le ruisseau quand j’ai entendu votre chant et je dois vous avouer à ma grande honte que j’ai cru que vous n’étiez pas humaine tellement votre chant sibyllin me paraissait irréel. Excusez-moi si j’ai pu vous faire peur ou vous sembler inconvenant.
-Peur ? Ne craignez pas pour ma petite personne mon cher, non je penchais plus pour un pervers quelconque qui voulait se rincer l’œil en profitant de la situation, voulez vous bien vous tourner je vous prie ?
-Ho pardon, veuillez pardonne ma trivialité, je…


Gerrit se sentit rougir jusqu’aux oreilles et se retourna laissant la jeune femme sortir de l’eau, il entendit qu’elle se rhabillait et attendit qu’elle lui dise qu’il pouvait se retourner. Elle avait remis son armure et il aperçu à sa cuisse une lanière de cuir qui maintenait un bandeau de la même matière dans lequel plusieurs poignards de jet étaient rangés, il su qu’elle ne quittait jamais cet accessoire en reconnaissant le genre de poignard qu’elle avait pointée dans l’eau.


-Alors dites moi, preux chevalier à la balafre, quel est votre nom ?
-Gerrit, et puis je vous demander le votre, je n’ai pas souvenir de vous avoir rencontré ou d’avoir entendu parler de vous. Pourtant une jeune femme seule dans les parages ce n’est pas vraiment courant.
-Alizia Dentrefer, je suis une mercenaire et j’ai entendu dire que plus loin par là l’armée humaine recrutait suite à la perte de nombreuses vies dans une bataille mal menée semble t’il d’après la rumeur.


Gerrit sentit monter en lui la colère et l’impuissance, alors qu’il revivait cette bataille dans laquelle lui et ses hommes avaient été emmenés afin des les y faire tuer.


-Vos informations ne sont pas tout à fait exacte, et les gens que vous cherchez sont plus loin dans cette direction, mais vous le savez déjà, maintenant pardonnez moi, mais j’ai une longue route à faire.
-Excusez moi Gerrit, mais votre regard vient de changer lorsque j’ai fait mention de cette bataille, auriez vous des détails que je n’aurais pas ? D’après la rumeur il n’y aurait aucun survivant ni d’un côté ni de l’autre.
-Si il reste un survivant, un fantôme qui va devoir vivre toute sa vie avec l’horreur de cette bataille, celui qui conduisait les troupes qui se sont faites décimées parce qu’ils sont tombés dans un piège.


Il n’eu pas besoin d’en dire plus, Alizia avait compris à son visage qui s’était durci et à la larme qui venait de se créer à l’angle de l’œil sur lequel la cicatrice imprimait une marque.


-Maintenant pardonnez moi ma dame, mais je dois vous laissez vous y rendre par vos propres moyens, je crois qu’il ne serait pas sage que je vous accompagne, par contre évitez de vous éloigner du chemin il y a eu un accrochage hier avec des brigands qui semble t’il a mal tourné et le spectacle n’est pas beau à voir.
-Je crois que je vais plutôt vous accompagner si vous n’y voyez aucun inconvénient ? J’ai comme l’impression que la carrière militaire afin d’affronter les peaux vertes n’est pas faite pour moi.


Gerrit sursauta légèrement, il regarda plus attentivement la jeune femme qui lui faisait un grand sourire comme pour achever de le convaincre. Il lui indiqua donc le chemin pour retourner à sa monture, et lui proposa de monter sur celle ci afin de se reposer pendant le chemin. Mais elle refusa à la fois par principe et pour ne pas paraître maniérée. Et tandis qu’ils continuaient en direction de la ville, elle demanda à Gerrit de lui raconter la bataille.


-Voilà ce que j’en sais dit il, et sincèrement, je ne saurais vous dire comment tout ceci s’est terminé, la seule chose que je sache c’est que je me suis levé au milieu de ce champ de bataille et qu’à priori j’étais le seul être encore en vie dans cet endroit.
-Mais pourquoi les humains n’ont ils pas envoyés des éclaireurs ou même l’intendance sur place pendant le temps que vous avez pu passer là bas ?
-Peut être l’ont ils fait et n’ont ils pas vu que j’étais vivant, à vrai dire la bataille devait être finie depuis longtemps à en croire l’odeur qui régnait sur le champ de bataille je dirais que je suis resté inconscient plusieurs jours.
-Incroyable, et pourtant vous êtes bel et bien vivant.
-Je m’en serais bien passé, croyez moi.
-Ho ne faites plus de manière avec moi, après tout nous sommes compagnons de route maintenant.
-Tu as probablement raison, mais dis moi, pourquoi es tu venue seule prendre part à cette boucherie organisée ?


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