samedi 15 septembre 2007

La malédiction de Nishram - Episode 10

La poursuite commence


-Argan pourquoi manque t’il des hommes ?
-Seigneur Loart ils sont en train de nettoyer les traces que les retardataires m’ont forcé à faire…
-Bon sang quelle idée ! Nous nous fichons de laisser des cadavres nous n’aurons plus à revenir ici de tout façon ! Réunis moi tes hommes et plus vite que ça ou ta tête ornera notre étendard avant que le soleil n’est rejoint le zénith.

L’orque se retourna vers ses troupes
-Messieurs j’attends de vous que vous obéissiez au doigt et à l’œil et que vous soyez les plus professionnels possibles. Notre commanditaire ne plaisante pas et vous savez que chaque échec sera puni de mort. Et bien en route maintenant.


Le groupe s’ébranla dans un nuage de poussière quittant lentement les murs de la ville qui les avaient abrités. L’orque qui chevauchait en tête regardait le soleil qui se levait au loin et en humant l’air il sentit l’odeur du sang et de la victoire, un rictus naquit sur ses lèvres le laissant songeur quant à ce qu’il ferait du Berserk une fois qu’il lui aurait mis la main dessus.


Argan rejoignit au galop le groupe qui chevauchait tranquillement vers le milieu de la matinée. Les hommes manquants étaient à ses côtés. Lorsqu’il arriva près des chevaux de queue il ralentit l’allure s’approchant lentement de la tête se postant en retrait de Loart.


-Seigneur Loart ainsi que vous l’avez demandé, les hommes manquants sont ici. Certains des corps ont pu disparaître, mais certains autres sont encore en ville, je ne donne pas la journée avant qu’une enquête au moins soit diligentée et qu’elle déclenche un mouvement des gardes peut être à notre poursuite ou en tout cas à la recherche des coupables.
-Même une seule heure c’est trop pour qu’ils viennent nous inquiéter et puis ils n’ont aucune preuve et je peux t’assurer que s’ils viennent avec leurs mages enquêteurs je ne donne pas cher de leur santé mentale.


L’orque partit d’un rire rauque et malsain, à la seule pensée de ce qu’ils subiraient.
Argan qui ne comprenait rien, inclina la tête en signe de déférence et reprit place dans le cortège plus en retrait.


Du fond de sa caverne Alishaüm était plongé dans la contemplation de la colonne de Loart et se gaussa de la bêtise de l’orque. Heureusement qu’il ne lui demandait pas de réfléchir ni d’être intelligent et que pour ce qu’il souhaitait il était tout à fait adapté.
Le jeune Asturien qu’il habitait agita les bras tout en lançant une volée de sons gutturaux, un minuscule tourbillon se créa dans le miroir d’eau qu’il regardait quelques secondes plus tôt et il pu entrer en contact avec Loart.


-Loart je vois que vous avez pris la route comme je l’espérais. A combien d’avance estimez vous le groupe de vos cibles ?


Sur son cheval l’orque semblait somnolait, ses yeux révulsés et sa bouche entrouverte aurait pu faire croire qu’il était mort ou sous un sort de débilité. La transe était profonde et heureusement qu’aucun de ses compagnons ne le vit ainsi évitant qu’ils ne décident de se passer de ses services pour accomplir leur mission.
-D’après mes informations seigneur, ils n’ont guère qu’une heure ou deux d’avance, et encore il faut voir qu’ils n’avancent pas en confiance, la route est probablement semée d’embuches et je pense qu’ils sont plus lents que nous.
-Tout ceci est bien beau mais tu ne m’apportes aucune certitude, tu ne te bases que sur des peut être. Tu sais que je ne tolère pas l’approximatif, et qu’il est impensable que ta mission soit un échec ! Je me demande si je n’aurais pas du vous accompagner pour être sur que vous faisiez tout le nécessaire pour mener à son terme cette entreprise.
-Seigneur, vous n’avez pas à douter de ma loyauté envers vous, je vous assure que nous faisons le nécessaire et que tout sera accompli selon votre bon vouloir.
-Je l’espère Loart, je l’espère, ou tu auras un aperçu de ce qu’est l’enfer lorsque je viendrais personnellement te chercher.


L’orque reprit ses esprits non sans un moment de flottement, juste à l’instant ou Argan s’approchait.


-Seigneur Loart vous allez bien ? Je vous ai vu dangereusement pencher sur votre monture et j’avais peur que vous ayez eu un malaise.
-Je vais bien, ne t’occupes pas de moi ! Ou sont les éclaireurs, et comment se déroule l’avancée de l’autre groupe, je veux que tu me fasses un point plus souvent et surtout je veux que nous accélérions le pas !


Il éperonna sa monture et commença à trotter puis à galoper en suivant la route que leurs proies devaient avoir emprunté.
Lorsqu’il arriva en vue de la forêt il ralenti sa monture, et fit monter aux premières loges ses éclaireurs, afin qu’ils fassent un point sur le contenu de la forêt et surtout qu’ils vérifient quelques ombres suspectes qui étaient visibles.
Il prit connaissance du massacre à leur retour, et au vu des traces la bataille ne devait pas être très vieille, certains cadavres n’étant pas encore totalement raides.
L’orque ne pu réprimer un gloussement de joie.


-Et bien il semble que les dieux soient de notre côté puisque cette petite embuscade en plus de les fatiguer nous a permis de presque les rejoindre, si nous continuons sur le même chemin il est possible que nous les rejoignons avant la nuit.


La compagnie avait repris la route aussitôt les basses besognes perpétrées, Illuël toujours largement devant avait décidé de faire prendre au groupe un rythme plus soutenu, la route était encore longue jusqu’à leur destination, et ce genre d’incidents n’était vraiment pas une bonne chose.
Sur son cheval Lazareus avait dessiné dans les airs un gros cercle qui prit corps pour se transformer en un globe nébuleux et presque totalement translucide de la taille d’un œil de dragon qui lui permettait d’accompagne Illuël dans sa mission, sous cette forme spectrale et discrète, à eux deux, ils permettaient désormais au groupe de combler son retard sur le programme, n’ayant comme seule menace qu’à déplorer des écureuils vindicatifs prêt à jeter des noisettes sur les opportuns qui s’approcheraient trop de leurs réserves de nourriture.


Gerrit s’approcha d’Ayïuel
-Dis moi qu’as tu fait pour me calmer toute à l’heure ?
-Et bien j’en ai appelé à ma seigneurie, celle en qui je crois et qui m’apporte sa force et ses pouvoirs, celle dont je suis l’humble représentant terrestre, ma déesse. Tu sais elle n’a que peu d’accès aux diverses sphères de pouvoir divin, mais celles qu’elle connaît sont celles en quoi je crois, elles représentent la nature, la vie, l’aide, le soin, toutes les choses bénéfiques.
Je n’ai fait que lui demander de te calmer, c’était aussi simple que cela, enfin si je peux dire que ce fut simple puisque tu as tout de même nécessité plus de prières et de pouvoir que je ne le croyais.
-Mais j’ai du mal à comprendre, comment savais-tu ce qui me calmerait, ce qui pourrait m’apaiser ? Tu as tellement changé depuis nos dernières missions ensemble, le plus surprenant vient du fait que je n’ai jamais sombré dans cet état lorsque nous étions tous ensemble à l’époque peux tu m’expliquer pourquoi ?
-En effet, j’avais l’habitude dans le passé d’utiliser de grands pouvoirs qui me permettaient de nous protéger de nombreuses choses négatives et ce qui te ronge en faisait partie, ce qui explique que jamais par le passé je n’avais pu te voir ainsi, d’ailleurs je ne me serais jamais douté que tu sois rongé par ce mal, et j’en suis bien sincèrement navré, seulement force est de reconnaître qu’aujourd’hui tu nous as sauvé la vie à tous, et que je me garderais bien de relancer à nouveau ce genre de protection sur toi, si tu dois t’enrager, alors c’est que mère nature l’a voulu, ne t’inquiète pas, elle m’a doté de nombreux pouvoirs pour apaiser et soigner.
-Mais comment connais-tu le mal qui m’afflige ?
-Tout simplement parce qu’il est partie intégrante de la nature mon ami, ce que tu appelles mal et que je nommerais la rage, est une composante essentielle de dame nature, n’as tu jamais eu à affronter un ours en colère ? Peut être parce que c’est une maman qui protège ses petits ? Et bien lorsqu’elle se met sur ses pates arrières et qu’elle est prête à se battre, la gueule ouverte sur ses crocs luisant, elle ressent elle aussi cette rage, la même rage qui t’habite lorsque tu commence à partir. La seule chose que je ne connais pas quand à ce que tu as c’est comment et à quel moment se déclenche la crise.
-D’après ce que nous avons eu l’occasion de voir de mes diverses crises, il s’agit de moments ou je suis blessé suffisamment profondément ou violement pour tuer ou pour me m’être hors combat, c’est comme si mon corps ne m’obéissait plus et qu’il avait décidé de vivre et de survivre coûte que coûte. Seulement cette soif de sang ne s’arrête pas lorsqu’enfin j’ai vengé le geste qui m’a rendu ainsi, et il se trouve qu’à ce moment là je ne suis plus moi même, et que tout ce qui m’entoure devient un potentiel danger, ce qui explique que je m’en prenne à n’importe qui de préférence en prenant le plus près de moi pour commencer, puis parfois la crise se dissipe aussi soudainement qu’elle est apparue. Tu crois qu’il est possible de me soigner, je veux dire à long terme ? J’aimerais cesser d’être un danger pour ceux qui m’accompagnent, et j’aimerais pouvoir être toujours conscient de mes actes et responsable de ceux ci.
-Et bien je ne peux rien te dire pour le moment, je vais en parler à ma sainte patronne, et si elle a le désir de me donner plus de détails ou d’explications sur ce qui t’habite, alors je te promet que tu seras informé dans les plus brefs délais, mais surtout sache que ce n’est pas ta faute si un malheur devait arriver un jour, tu n’as pas choisit d’être atteint de cette affliction.
-Merci Ayïuel, merci pour tout.


Gerrit se désolidarisa de la colonne et remonta prendre place à l’avant, cette malédiction qui l’accompagnait ne cesserait donc jamais de le faire souffrir et de lui faire du mal… Depuis que la compagnie des ergots sanglants existait il n’avait pas eu à souffrir de la perte d’un compagnon de route, et heureusement d’ailleurs, mais cette fois là, cette fameuse fois là, que n’aurait il pas donné pour être lui à sa place à elle… Les souvenirs revinrent à lui en mémoire aussi fort et implacable que la marée qui monte et qui balaye tout sur son passage, il ferma les yeux mais il était déjà trop tard, des larmes s’insinuèrent à la commissure de ses yeux et commencèrent à perler le long de ses joues, et lorsque il rouvrit les paupières c’est pour laisser exploser la douleur qui lui traversait le cœur et l’esprit.


 


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