jeudi 10 janvier 2013

Stéphane Guillon - On m'a demandé de vous calmer

Recueil des chroniques de Stéphane Guillon jusqu'en Juin 2009, cet ouvrage ouvre sur son entrevue avec le patron de Radio France qui aura la formule qui sert de titre au livre.
Ici sont consignées, non pas toutes les chroniques de la période qu'il couvre mais la plupart. Elles suivent un ordre chronologique permettant ainsi de voir l'évolution entre deux passages d'un même invité par exemple.
Pour ceux qui ne connaissaient pas, dans l'émission où chroniquait Stéphane Guillon, il passait quelques minutes avant l'interview en direct d'un invité, ce faisant il introduisait l'invité et parfois le brocardait juste avant que celui-ci ne soit à l'antenne.

Ses chroniques ont été remises en forme pour le passage à l'écrit, mais gardent toutes leur verve et leur mordant. On aime ou on n'aime pas son humour si particulier, mélange de noirceur, de cynisme et de second degré.
Certaines chroniques sont préfacées par une remise en place du contexte ou par des explications concernant la réaction des invités ou des anecdotes relatives au jour du passage.
Chez Stéphane Guillon on peut apprécier la façon qu'il a de faire résonner les chroniques concernant les mêmes invités avec parfois des retours sur une chronique précédente ce que la présentation chronologique permet d'apprécier plus justement.

J'aime bien Guillon, même si parfois il est vrai ses têtes de turc sont un peu trop présentes lorsqu'il se sert d'elles de manière régulière.
Ce recueil permet de voir la difficulté de réaliser une chronique quotidienne avec toutes les contraintes inhérentes à cet exercice, et même si on peut ne pas apprécier son humour extrêmement "agressif" il n'en reste pas moins que sa plume acide est fine et que certaines fois on ne peut que reconnaitre des piques qui font mouche et qui sont bien senties.
A lire pour découvrir ou redécouvrir cet humoriste au talent d'écriture indéniable.

Le mariage pour tous

Il est des sujets d'actualité que j'évite sciemment. Trop d'émotion, trop d'extrémisme, trop de tensions et finalement peu ou pas assez de bon sens. Mais là j'avoue que le débat sur le mariage pour tous finit par me rendre malade.
On est devant le cas typique d'une société en perdition, je m'explique. D'un côté des couples tout à fait ordinaires (qu'ils soient composés d'homme et de femme, de femmes ou d'hommes) qui veulent s'unir. De l'autre des flopées d'intégristes de tout poil, de toutes les religions (alors là ils savent faire front commun sans se foutre sur la gueule hein...) qui font des pieds et des mains pour l'éviter.

Quels sont les arguments anti? La plupart du temps? Des conneries, des digressions, des éventualités, des pourquoi pas, des approximations. Aucun opposant ne trouve de raison contre le mariage si ce n'est que:
"Ça va détruire la cellule familiale" <= bon et le divorce alors faut l'interdire aussi?
"Et après ça sera quoi?" <= déjà qu'on leur donne les même droits que pour les couples hétérosexuels, ça fait 50 ans que ça dure cette affaire, avant le après on sera déjà tous cannés...
"Autant autoriser le mariage inter espèces" <= ouais mais inter espèces de con et tu seras dans le premier wagon...
"Le mariage homosexuel ça n'est pas naturel" <= tiens donc, parce que le mariage c'est naturel? Je n'ai pas été invité par des pigeons ou des écureuils mais je suis sûr que leurs cérémonies dépotent.

Bref j'en passe et des meilleures. Mais de quoi ces gens ont-ils peur en vérité? Peut-être qu'on montre enfin que, quel que soit son orientation sexuelle on peut tout à fait mener une vie normale, avoir des gosses équilibrés, et montrer que ceux qu'on voudrait dégénérés depuis que des hommes ont écrit des livres ne le sont pas plus que ceux qui se considèrent normaux (voir peut être même moins...)
Le problème de ce débat c'est qu'il dépasse le cadre dans lequel il se pose. Le mariage pour tous est civil, à ma connaissance la société civile est totalement indépendante des différentes religions. Alors pourquoi ces religions viennent elles nous imposer leurs visions archaïques dont on a la trace des médiocres résultats depuis la nuit des temps?
La société civile va t'elle reculer devant le religieux? Si c'est le cas nous ne valons finalement pas mieux que ces pays que l'on considère barbare ou des hommes et femmes sont lapidés au nom de la religion, qu'ils soient homosexuels, ou simplement différents de ce que les règles religieuses préconisent.
Et si c'est le cas nous aurons la preuve que le pouvoir politique n'a aucune force dans ce pays, et à vrai dire ça me fera véritablement peur pour l'avenir, si les religions peuvent influencer à ce point la vie du pays...

mercredi 9 janvier 2013

Christophe Lambert - Le commando des immortels

Alors que la guerre du Pacifique fait rage, les Etats Unis arrivent à négocier avec les Elfes peuple spécialiste de la nature leur intervention dans le conflit pour leur venir en aide.
La guérilla dans la jungle qu'ils affrontent pourrait tourner à leur avantage avec ces alliés, seulement voilà, les Elfes acceptent à la seule condition qu'un humain les accompagne, un spécialiste de la culture Elfique, un dénommé Tolkien...

Un roman surprenant à plus d'un titre, tout d'abord par l'auteur qui n'est pas l'acteur que l'on connait bien contrairement à ce que j'ai longtemps cru (oui je sais Google est mon ami). Deuxièmement sur le thème, le contexte et surtout le mélange des genres.
Et la sauce prend, elle prend même relativement bien et elle finit par offrir une aventure pleine de rebondissements, et de surprises dans un contexte à la fois historique mêlant le fantastique.
On aime ou pas les romans de ce genre mais j'avoue que l'idée sous-jacente à ce roman est l'une de celle qui offre tant de possibilités qu'elle permet tout et son contraire. C'est un peu l'idée qui sous-tend à la série Sliders sans trop en dire.

Toujours est-il que la lecture est agréable, que l'on peut retrouver tout au long du roman des petites touches qui permettront aux spécialistes ou connaisseurs de Tolkien de retrouver quelques indices d'une bonne connaissance de son univers par l'auteur.
Roman résolument tourné vers l'action il est aussi profondément psychologique dans le rapport entre les membres du commando et la tolérance à l'autre.
Un bon roman très rapide à lire et que je conseille vivement à ceux qui aiment les univers décalés et mélangés.

L’étoile noire de Barack

Il est une loi américaine que vous ne connaissez probablement pas, bien qu’on en parle depuis quelques semaines avec ironie sur le vieux continent. C’est celle des 25 000 signatures. Toute proposition recueillant 25 000 signatures d’après cette loi de 2011, doit être examinée par la Maison Blanche. Ce qui fait que toute proposition un tant soit peu soutenue par le peuple américain devrait d’une manière ou d’une autre passer dans les mains du président. Même si cette loi n’engage en rien une éventuelle prise de décision en rapport avec cette proposition bien entendu.

Hors il se trouve que des petits malins ont fait une proposition en Novembre qui vient d’atteindre le quota nécessaire. En effet elle suggère la construction de l’étoile noire (oui oui celle de Star Wars) par les Etats Unis, avec un début des travaux pour 2016. On s’en doute bien, cette histoire n’ira pas bien loin, puisqu’il parait impensable qu’un tel monument de gigantisme puisse être construit (et je vous fais grâce des éventuelles technologies que nous ne pouvons même pas imaginer).

Mais voilà, l’information est suffisamment épicée pour faire jaser tous les journaux en ligne du monde. Barack va devoir examiner cette requête malgré sa non négligeable stupidité. Comme si gouverner la première puissance mondiale n’était déjà pas assez contraignant. Voilà que tout un chacun pour peu qu’il soit suivi par suffisamment de monde peut faire les propositions les plus farfelues.

Notez que rien ne dit que nous n’aurons pas ce genre de loi en France aussi, c’est un peu redonner au peuple sa propre capacité d’intervenir et d’interagir avec le pouvoir. Faire remonter à la source les préoccupations de l’ensemble ou d’un ensemble de gens pour que le pouvoir soit conscient de ceux-ci.

Ce qui est un peu navrant dans cette histoire anecdotique, c’est de penser au nombre de propositions qui n’auront jamais les 25 000 signatures par manque d’information, ou de participation, alors que des propositions saugrenues simplement parce qu’elles sont ainsi auront largement le quota nécessaire à passer le filtre qui les autorise à être prises en compte.

dimanche 6 janvier 2013

Coup au cœur oui…

Depuis plusieurs semaines déjà une chanson qui passe en radio me file de l’urticaire et ça n’est rien de le dire. Aucune animosité pour les interprètes, ni pour le style ou la musique, ce sont les paroles qui me désolent. Cette chanson je vous l’adresse directement sur youtube pour le cas où vous n’auriez pas eu l’occasion de l’entendre.

http://www.youtube.com/watch?v=TFrGD6kfwIc

Chanson de Kenza Farah et de Soprano, elle nous raconte une histoire du genre des films de l’après-midi de M6… Le petit couple amoureux gouzi gouzi qui apprend une terrible nouvelle qui va les faire basculer dans l’horreur. Mais grâce au courage, au sacrifice et à l’abnégation tout va s’arranger ou presque… Beuargl, désolé c’est la guimauve moi ça me barbouille…

Il est question dans la chanson d’une jeune femme qui va mourir sans greffe de cœur, et qui a comme donneur compatible son mari. Comme de bien entendu le don de cœur n’existe pas, puisqu’il parait difficile de vivre sans. Le mari se sacrifie en se suicidant (bon ça c’est le clip qui le dit parce que la chanson est moins claire) pour que la jeune femme puisse avoir sa greffe.

Même si on passe les pires énormités d’une pareille histoire (et elles sont nombreuses) comment peut-on mettre en chanson pareille ânerie ? Tout d’abord parce qu’en France le don d’organe n’existe pas de personne à personne en tout cas pour ce genre d’organes. Ensuite comment se suicider proprement et ne pas abîmer le cœur ? Bin oui ma bonne dame, parce que normalement c’est lors d’une mort cérébrale et les organes encore en état de marche que s’opère l’extraction de l’organe. Car si l’organe a cessé de fonctionner même un temps court, il sera abimé. Hors que voit-on dans le clip ? Soprano qui va prendre un bain, on imagine qu’il essaye de se noyer donc qu’il va subir un arrêt cardiaque… Et je vous en passe encore des pelletées de conneries…

Ce qui me fait peur dans cette chanson, c’est outre les énormités et bêtises, ce sont les réactions des gens, et là tapez-vous quelques pages des commentaires de la vidéo sur youtube pour atteindre les profondeurs abyssales de la connerie… Entre ceux qui trouvent ça trop Kawaii qu’un mec se suicide pour sauver sa femme. Ceux qui croient que Soprano est vraiment mort pour que Kenza Farah subisse une réelle greffe, j’avoue que j’ai pris le vertige.

Qu’on veuille faire une chanson émouvante, triste, qui touche les gens je peux le comprendre et l’admettre. Ils ne sont pas les premiers. Pour autant dire tout et n’importe quoi me semble dangereux. Surtout quand on voit le recul et le bon sens des gens qui aiment cette chanson…

vendredi 4 janvier 2013

Annie Ernaux, Frédéric-Yves Jeannet - L'écriture comme un couteau

Livre d'entretiens entre Annie Ernaux et Frédéric-Yves Jeannet, cet ouvrage est un témoignage à la fois sur la démarche qui a mené Annie Ernaux à l'écriture et sur sa manière à proprement parlé d'écrire.
Jeannet, lecteur attentif d'Annie Ernaux, oriente les questions et tente d'apporter une structure au témoignage de l'auteur qui reconnait-elle même se laisser entrainer parfois lorsqu'elle écrit vers des errements qui semblent répondre à ses propres recherches intimes.

Livre intéressant qui nous plonge dans l'esprit d'un écrivain, on y découvre sa manière de percevoir l'écriture, son travail, ses questionnements.
A la fois témoignage et hommage, il est aussi un moyen de se rendre compte que même si l'écriture est quelque chose d'intime et de très personnel, on découvre comme des flaques de soi dans certains moments.
Comme si le processus qui mène à écrire puisait ses racines dans l'histoire, le vécu, et nourrit de cette graine poussait durant toute la vie vers divers horizons tous différents.

Un ouvrage intéressant mais qui peut parfois s'avérer abrupt ou difficile d'accès si on n'est pas intéressé par la démarche et par l'envie de découvrir le travail d'un écrivain.

Jesse Kellerman - Les Visages

Ethan Muller met la main sur une série de dessins remarquables. Travaillant dans le milieu de l'art il espère que ces dessins seront sa plus belle réussite, mais lorsqu'il les expose ce n'est pas d'art dont il est question.
En effet un ancien flic reconnait dans ces portraits certains enfants victimes des années plus tôt d'un mystérieux tueur en série. Alors pour Ethan, découvrir qui est le Victor Crack auteur de ces tableaux va vite virer à l'obsession.

Une histoire prenante, pleine de rebondissements. Qu'on aime ou pas on se fait balader du début à la fin, une fin loin d'être convenue même si elle commence à se dessiner parfois par petites touches.
Petites touches car l'auteur prend grand soin à ne jamais dévoiler plus que nécessaire dans la construction de son roman. Un roman qui prend aux tripes, par moments l'obsession d'Ethan semble transpirer dans les mots. La psychologie des personnages est très détaillée, permettant de comprendre les pourquoi et les comment sans jamais avoir besoin d’explications superflues.

Ce tout jeune auteur est le digne héritier de ses ainés. Qu'on aime ou qu'on déteste au final ce roman, il ne laisse pas indifférent et c'est ce qui justement le différencie de pas mal d'autres romans parfois insipides.
Une plongée dans la psychologie de personnages tous plus touchants les uns que les autres, qui ont un relief vraiment puissant. Un roman à lire si on aime les thrillers bien ficelés et qu'on apprécie les rebondissements parfois un peu tarabiscotés.