lundi 26 novembre 2012

La violence est elle sexuée?

Hier le 25 Novembre c'était la Journée Internationale de Lutte contre les Violences faites aux Femmes.
Toute la journée nous avons eu droit à diverses informations et reportages tous plus larmoyants les uns que les autres sur ce problème de société.
Sauf que je crois qu'on le prend par le mauvais côté du manche si je puis dire.

En effet même si la violence faite aux femmes est probablement injustifiable dans la majorité des cas, qu'en est-il de la violence faite aux enfants? Et j'irais même jusqu'à dire faite aux hommes?
N'y a-t-il donc dans nos sociétés que des mâles brutaux pour mettre des trempes à leurs femmes?
Non bien sûr que non, la société n'est plus aussi facilement segmentable que l'on pouvait le croire il y a de cela quelques décennies.

Et c'est bien ce qui me chagrine dans cette journée. On occulte (sciemment) toutes les autres formes de violence pour se concentrer sur celle-ci.
Est-elle plus horrible, plus inhumaine, plus dégueulasse? Je ne pense pas pouvoir en juger, ce que je sais par contre c'est que l'inverse est aussi quelque chose d'anormal.
Mais combien d'hommes peuvent porter plainte sans risquer de ne pas être crus? Combien meurent chaque année de la faute d'une femme violente? Peut-être ne sont-ils comptés que dans les chiens écrasés des journaux sous les "coups de sang" ou "drame familial".

On souhaite que la femme ne soit plus sclérosée dans une situation difficile, on met en place des structures pour l'aider et tout ceci est parfait, mais dans le même temps ne faudrait-il pas faire la même chose pour les hommes?
Alors on me dira que surement le nombre d'hommes qui meurent sous les coups d'une femme sont moindres. Mais la violence psychologique aussi existe et elle tue tout autant mais différemment.
A quand une grande enquête sociologique qui pourrait mettre en exergue les suicides, les drames et faire un chiffrage complet des éventuels morts (hommes ou femmes) qui le sont par de la violence. Voilà un vrai sujet d'études qui ne mettrait pas les "faibles femmes" d'un côté et les "méchants violents maris" de l'autre.

jeudi 22 novembre 2012

Une âme en devenir

Des relents méphitiques aux humeurs vagabondes
Prisonnier sans limites coince entre les mondes
Explorant les recoins d'une âme torturée
Restant le seul témoin de ses erreurs passées

Des plaines infinies d'un Elysée intime
Pourchassant les folies, les instants de déprime
En quête de rédemption porte vers l'avenir
Ouvert aux émotions, les laissant envahir

Ces espaces sauvages tentant d'apprivoiser
Le moindre des présages qui viendrait pavoiser
Maitriser le futur comme s'il était facile
Si le chemin est sur et la foulée agile

De pouvoir contrôler tout ce qui nous échappe
Sans jamais se lasser même lorsque ca dérape
Retrouver la maitrise de ses instincts sauvages
Même lorsqu'on lâche prise sans en subir ombrage

Savoir reprendre gout à ce qu'on a perdu
Ne jamais regretter ce que l'on aura plus
Découvrir à nouveau comment prendre plaisir
Faire éclater le beau et comme un repentir

L'exposer au dehors de l'âme tourmentée
Plus brillant que de l'or et le voir augmenter
Aux contacts de ces autres, la foule solitaire
S'incarner avec eux pour fouler cette terre

mardi 20 novembre 2012

Jean Teulé - Rainbow pour Rimbaud

Robert géant de 2 mètres aux cheveux rouges ne peut dormir que dans sa penderie, son bateau ivre comme il l'appelle. Isabelle, elle se prend pour une aubépine, et leur improbable rencontre va les entrainer dans une sorte de quête initiatique.
Car Robert est fan absolu de Rimbaud, il se prend même pour Arthur jusque dans les moindres parcelles de son corps. Mais jusqu'où ira-t-il pour trouver celui qu'il est ou qu'il pense être...

Un roman bien sympathique de Jean Teulé que cette allégorie tarabiscotée aux personnages aussi improbables qu'attachants. Même si Rimbaud reste un prétexte plus qu'autre chose, il devient au fur et à mesure des aventures de Robert et d'Isabelle un personnage important.
Etrange comme d'ailleurs son empreinte semble se faire de plus en plus forte à mesure que l'histoire avance. Peut-être est-ce dû à tous les vers que Robert déclame de mémoire. Ou bien simplement au parcours initiatique de Robert.
On suit ces personnages avec bienveillance parfois avec le sourire, parfois avec étonnement.

Un roman court, qui ne se prend jamais au sérieux, du moins qui n'en donne pas l'impression.
Difficile de ne pas apprécier simplement cette histoire pour ce qu'elle est, une douce rêverie menée par de doux rêveurs.
Mon premier roman de Jean Teulé, mais certainement pas le dernier, une manière d'écrire très agréable, fluide, sans manières. Exactement ce qu'il fallait pour raconter cette folle aventure.

lundi 19 novembre 2012

Le village

Tous les ans, le même rituel, une fois la route prise, on oublie sa vie d'avant et on se prépare. Seront-ils tous là? M'attendront-ils? Tant de questions et déjà des doutes.
Doit-on revenir sur ce qui a été dit l'été dernier? Lorsqu'on ne s'est même pas excusé d'avoir été blessant. Il faudra faire table rase de l'année dernière ou bien les vacances seront gâchées.

Et puis voilà l'arrivée, tant attendue, on regarde par la vitre mais personne n'est là. Il est déjà tard, peut-être sont-ils allés faire un tour, ou bien ils sont en train de manger peut être.
On s'installe, on se prépare, on mangera plus tard. Vite descendre au lieu de rencontre, le lieu de vie du village. Mais quelle désolation, quelle tristesse. Personne, pas même ce chien errant tellement crasseux qui passe sa vie à quémander un petit quelque chose.

Déception bien sûr, mais on ne veut pas laisser la première impression être la bonne. C'est tout juste valable pour les proverbes ça... Alors on se balade dans les rues désertes, le silence omniprésent semble presque voulu. Toute vie semble avoir déserté les ruelles. L'eau ruisselle dans la calade sans discontinuer, seule source de bruit, si légère qu'on l'oublie presque aussitôt.
L'astre lunaire éclaire les pierres disjointes de ces vieilles rues pavées. Chaque fenêtre est fermée, les volets clos ou alors branlants et tenus par quelques bricoles. La nuit est fraîche comme souvent dans ces collines. Mais ce soir le froid est plus omniprésent encore que l'année dernière semble-t-il. Pas de vent qui descend au cœur de la végétation, juste le silence.

Tout l'empressement que l'on a mis à préparer les valises, à faire la route au mépris de la fatigue. Tout ce temps passé à imaginer les retrouvailles, ce qu'on allait bien pouvoir dire. Puis finalement se trouver tellement seul au milieu de ces murs tordus qui semblent chaque année se pencher un peu plus les uns sur les autres.
On lève la tête vers le ciel, grâce au manque de lumière publique on peut voir les étoiles, seules lueurs qui viennent égayer ce décor oublié. Tiens c'est déjà la nuit, et il est tard, peut-être la vie a-t-elle repris ses droits sur la place du village. Un petit détour par le grand terrain sur lequel les gens ont l'habitude de garer leurs voitures. Mais non, rien à part ces traces sur le sol, seuls vestiges des passages nombreux et réguliers.

Et cette herbe roussie par le soleil et par le feu. Ah oui le feu, on l'avait presque oublié. C'est vrai que lorsqu'on fait les choses par habitude, on oublie les événements ponctuels.
D'ailleurs où sont passées les carcasses, les tôles, le plastique fondu?
Il fait nuit, peut-être sont-elles toujours au fond du terrain, là où elles ont été entreposées, montagne de déchets et seuls souvenirs de ce moment.

Toujours personne sur la place, la fontaine ne marche même pas, il faut dire que sans personne pour l'entretenir, elle a dû geler cet hiver et l'eau doit s'écouler d'une canalisation percée quelque part. Comment peut-on en arriver là?

Des années en arrière lors de son arrivée il se souvient, on le moquait, lui le chétif, le petit, le seul à venir d'ailleurs. Il avait hérité d'une vieille bicoque biscornue au cœur de ces vieilles pierres. Un village si petit qu'il n'apparait pas sur les cartes. Un de ces hameaux où les habitants vivent reclus, entre eux. Il avait essayé de s'intégrer, tous les ans il avait essayé. Mais peine perdue, quand on n'est pas du village on est et on reste un étranger.
Et voilà que l'année dernière, on en vient à le considérer, à lui prêter de l'attention. Il a gagné beaucoup d'argent et il ne s'en cache pas. Après tout pourquoi avoir honte?
Une jeunette du village lui montre même de l'intérêt, elle est belle, juvénile, une beauté fragile. Sa poitrine menue pointe sous ses jupes légères et il n'en faut pas plus pour éveiller son désir.

Un soir ils sont seuls, le village est réuni dans l'église pour l'une de leur sempiternelle réunion à huis clos. Il n'a jamais pu y assister, mais cette année la jeunette reste avec lui. Il lui fait un peu la cour, lui cueille quelques fleurs champêtres et lui déclame quelques vers. Elle sourit, mais elle semble timide. Il lui tient la main, elle ne l'a pas repoussé. Et puis il s'arrête, se tourne vers elle et prend sa main entre ses doigts. Il approche son visage pour l'embrasser mais elle le repousse. Il tient son poignet fermement, qui pourrait lui en vouloir. Elle lui a laissé comprendre ce qu'elle veut, même si elle ne l'a pas dit. Il la presse contre lui, son corps tremble. Elle a peur. Elle essaye de le frapper, mais il est bien plus fort qu'il n'en a l'air. Alors il la renverse en arrière, il ne fait pas attention au bruit que fait son crane en heurtant le sol. Elle ne bouge plus, c'est qu'elle doit avoir changé d'avis, elle semble offerte, alors il l'honore, de tout son corps, de toute son envie.

Ce sont les cris des gens du village qui le sorte de sa torpeur, il se lève rapidement, le pantalon sur les chevilles, il se rhabille, il a beau leur expliquer que c'est elle qui a demandé, personne ne l'écoute. Ils hurlent sur lui, ils le menacent. Heureusement qu'il porte une arme, l'argent amène les problèmes lui a-t-on dit. Et on avait raison. Ils parlent de prison, ils veulent lui faire du mal, alors il règle le problème, froidement, calmement. Chaque détonation crève le silence des collines, des oiseaux s'envolent affolés. Puis le calme revient enfin. Ils sont allongés comme des poupées sanguinolentes. Il les traine jusqu'à leurs voitures là-bas sur le grand terrain puis met le feu. Il fait bon près du brasier, le rougeoiement l'apaise, il se sent bien. Lorsque tout est fini, il nettoie les traces, personne ne vient ici à part lui. Il va ranger ses affaires, il se prépare à partir, il a hâte de revenir l'année prochaine et de les retrouver. Peut-être enfin vont-ils finir par le considérer comme un des leurs, un membre du village à part entière…

mercredi 14 novembre 2012

Doit on appartenir à un genre littéraire

On le voit tous les jours ou presque dans les domaines "artistiques", une fois posé l'étiquette d'un genre difficile de s'en sortir.
Lorsqu'un acteur étiqueté comique fait du dramatique on salue la performance, dès qu'un chanteur lyrique fait dans la pop aussi, mais certaines autres transgression ne donnent pas les mêmes résultats.
Peut-on tout à la fois écrire des poèmes, de la prose, écrire de la science-fiction, de la littérature enfantine, de l'érotisme et y arriver dans chacune de ces différentes catégories d'écriture?

Ma foi la réponse est oui, il est clair que l'on ne peut exceller en tout, et que certains genres sont plus pointilleux que d'autres, voir même techniquement difficiles à aborder si l'on veut être touche à tout.
Mais doit-on pour autant se "spécialiser" dans un domaine particulier sous prétexte que l'on a plus de facilité à l'écrire ou que l'on a l'impression que ce sont ces textes-là qui plaisent le plus?
Ecrire c'est comme chanter, ou jouer d'un instrument, il y a forcément un style particulier que l'on préfère et où l'on prend le plus de plaisir, et ça se voit.
Mais se laisser enfermer dans ce genre c'est aussi se priver du reste. Petit à petit on perd des morceaux de soi que l'on n'arrive plus à exprimer et qui finissent par complètement bloquer l'inspiration du reste.

Oui je crois qu'on peut et même que l'on doit toucher à tous les genres, intellectuellement parlant déjà, pour apprendre, pour comprendre, découvrir et continuer à évoluer.
Ce sont parfois grâce aux ateliers d'écriture que l'on y arrive, parce qu'ils nous forcent à aller là où nous n'allons pas spontanément.
Et puis c'est une gymnastique intellectuelle enrichissante que de tenter de trouver en soi de nouvelles manières de s'exprimer, de faire partager des choses.
D'ailleurs on peut toucher à plusieurs genres littéraires et pour autant garder un style particulier, voir singulier. J'encourage tous les artistes quels qu'ils soient à faire des incartades régulières ou irrégulières dans d'autres univers, parce que de la différence nait la richesse.

Et pour répondre à la question originale de ce billet, non je ne crois pas qu'on doive appartenir à un genre en particulier, même si on peut préférer voir privilégier un genre en particulier.

Ian Levison - Arrêtez moi là

Lorsqu'un chauffeur de taxi déroge aux quelques règles simples qu'il a toujours suivi il peut s'attendre à quelques désagréments.
Mais lorsque destin s'en mêle et qu'une petite fille est enlevée avec comme seules empreintes celle du narrateur on sait déjà que les choses vont probablement dégénérer...

Un roman fort agréable dans lequel on est plongé tout de suite. A de nombreuses reprises on en vient presque à essayer de rendre plus combatif cet homme à qui tout arrive et qui finit par laisser aller le cours des choses.
Très bien ficelé même si l'intrigue policière n'est pas primordiale dans cet ouvrage, on y découvre une Amérique qui se repose peut être un peu trop sur les indices scientifiques là où elle pourrait faire un travail d'enquête.
Et puis on découvre que tous les rouages d'un système qui pourtant s'occupe d'hommes et de femmes et devrait être parfait, est composé de gens qui eux sont imparfaits.

J'ai bien aimé et j'avoue que j'ai été agréablement surpris à cette lecture. Un livre qui se lit assez vite tant on voudrait bien découvrir ce qui pourrait encore lui arriver de pire arrivé à un certain moment.
Finalement un roman aussi très humain, qui montre que quel que soit l'endroit où l'on est et avec qui l'on est, on peut rencontrer des gens qui nous permettent d'évoluer, de grandir.

vendredi 9 novembre 2012

Collectif - Noir comme l'amour

Un recueil qui porte bien son nom, voilà ce que j'ai envie de dire comme première approche. 22 auteurs parmi les plus connus de l'horreur ou du fantastique se relaient tout au long de cet ouvrage collectif.
Chaque histoire est à elle seule suffisante pour justifier la lecture de ces 22 plongées dans les méandres les plus noirs de ce sentiment que l'on qualifie de plus beau.
Psychologiquement troublant, brisant les tabous, dépassant toutes les bornes, il est difficile de bien parler de chaque histoire sans les dénaturer.

On notera simplement les noms des auteurs qui ont participés, de Stephen KING à Stuart Kaminsky on retrouve la fine fleur des romanciers Américains dans cette anthologie très justement nommée "22 nouvelles fantastiques".
L'amour poussé dans ses derniers retranchements, jusqu'à la folie, jusqu'à la mort. Un recueil que l'on prend plaisir à déguster par petites touches, nouvelle par nouvelle changeant d'univers totalement entre chaque.
Les auteurs malgré leurs univers si divers et leur manière tellement personnelle d'aborder le sujet forment un ensemble d'une grande homogénéité lorsqu'on prend le recueil dans son ensemble.

Perversions, érotisme, déviances, tout est ici réuni pour vous faire frissonner souvent de peur devant cet amour dont on découvre avec effroi les plus folles incarnations.
Ce recueil a aussi la force de faire découvrir de nombreux auteurs parfois injustement méconnus sous nos latitudes bien que depuis la sortie de celui-ci certains noms sont sortis de l'ombre.

Question d'équilibre...

Marre des anti-corridas! Bin ouais, ras le cul de ces affiches partisanes et violentes. Marre de la manière dont sont traités les gens qui apprécient.
Marre surtout de cette énergie et de ce pognon dépensé pour cette cause alors que bordel des gens meurent dans les rues chaque année et là on n'en a que foutre!

Si je suis aussi remonté c'est qu'on parle d'une chose dont les gens par empathie plus que par conviction vont propager sans même jamais se prendre par la main pour aller voir les chiffres...
Qu'est-ce que ça représente en nombre de taureaux tués la corrida (en France uniquement)?
Environ 70 événements taurins par ans. J'ai trouvé un chiffre d'environ 6 taureaux tués par événements.
Soit 420 taureaux tués dans des arènes chaque année en France.

Ok c'est surement trop peut-être, mais maintenant un chiffre, banal, vulgaire que plus personne ne regarde de nos jours.
En 2011 plus de 329 personnes sans domicile fixe mortes dans la rue.
Bah ouais mais bon les taureaux c'est beau, ça a la poil luisant et tout, le sdf ça pue, ça picole et puis ça vole c'est bien connu.

Bon ok d'un côté on a un animal, qui vit dehors, habitué à mener un combat permanent, qui finit sa vie dans d'atroces souffrances et de l'autre une bête à cornes comme les milliers voir millions d'autres qui sont abattues pour faire des steaks...

Mouais ça semble légitime de se battre pour les taureaux quand on voit les choses comme ça.
Ce monde est vraiment malade et j'ai mal à mon humanité.

mercredi 7 novembre 2012

Se faire plaisir

Je me suis souvent demandé pourquoi écrire. Plus que ça même, quel enrichissement cela apporte, et surtout pour qui et pour quoi se donner la peine de le faire.
Longtemps j'ai cru que je le faisais pour moi, et même si c'est vrai de prime abord, ma manière de le percevoir était faussée.

J'ai eu plus qu'à mon tour envie d'être lu. L'envie de plaire, de faire réagir, l'envie d'être reconnu comme quelqu'un qui sait écrire, qui sait choisir ses sujets, à la pointe des idées ou des modes.
Mais ceci est la partie narcissique de l'écriture, qui ne devrait normalement pas être une motivation. Du reste elle ne l'est qu'à partir du moment où elle se nourrit de résultats.
Dans une telle mentalité, on écrit quand ça plait, on prend plaisir à se sentir lu, à voir des réactions, on partage et on cherche à plaire toujours plus.

Mais on se perd lentement mais surement dans pareil processus. L'écriture ne doit pas être faite pour attirer un support, une affection, une reconnaissance. Toutes ces choses vont et viennent, existent ou pas mais ne doivent pas être recherchées.
Je l'ai découvert récemment en lisant un livre, en fait je crois que j'ai seulement eu besoin qu'on me mette devant quelque chose que je savais déjà et que j'avais déjà compris sans pouvoir le nommer.
Ecrire c'est se partager, s'offrir, se livrer, que ce soit dans la fiction ou pas, dans l'émotion ou dans l'action.
Mais il faut le faire pour soi, savoir si ce que l'on partage nous enrichit ou pas. L'écriture ne devrait pas être une tentative de se constituer auprès des autres, pas plus que les autres moyens d'expression ou les arts en général.

Finalement c'est en se faisant plaisir à soi, en laissant son être tout entier s'exprimer que l'on finit par plaire ou pas, mais même si on déplait, même si on choque, même si on est regardé autrement, il ne faut jamais se perdre en route.
Tout ceci fait que j'ai je crois retrouvé le goût à quelque chose que je me forçais presque à faire ces temps-ci, quelque chose qui était devenu une contraire plus qu'un plaisir. Car avant tout, il faut savoir se faire plaisir et ne chercher que ce plaisir-là, intime, immédiat et réel.

Boris Vian - L'arrache cœur

Jacquemort, psychiatre arrive dans un petit village de campagne, chez Angel et clémentine, celle-ci sur le point d'accoucher, il va aider à la délivrance de ses triplés.
Joël, Noël et l'étrangement mis à part Citroën. Lorsqu'il va devoir se rendre au village Jacquemort va se rendre compte que de nombreuses et étranges coutumes ont court par ici...
Comme "la foire aux vieux", où les vieux du village sont mis aux enchères et traités comme des objets. Arrivera-t-il à combler le vide qui l'habite et l'a conduit ici en réalisant la psychanalyse complète comme il le souhaite?

Un roman surréaliste et poétique, une fable étonnante et pleine d'émotions. Sorte de quête de sens pour Jacquemort dans un coin de campagne qui en manque singulièrement, de sens.
Des jeux des mots, aux jeux de mots, Boris Vian nous guide et nous accompagne dans ce qu'il arrive petit à petit à rendre plausible, presque réel, mais surtout authentique.
Perdu dans ce roman, des mots qui se croisent, se recomposent, comme des petites créatures ailées qui volettent entre les pages. Même la notion de temps disparait lorsqu'il nous parle des dates improbables qui rythment l'histoire.

Une bien agréable lecture, empreinte d'une incroyable poésie, même parfois dans sa plus grande cruauté, on ne peut pas rester insensible à cette plume.
Alors certains trouveront justement les néologismes, inventions de vocabulaire ou autre difficiles à comprendre ou à apprécier. Il est possible que dans ce monde sans queue ni tête certains n'aiment pas à s'y plonger.
Mais j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre Jacquemort et à découvrir un monde coloré et léger, comme une bulle de savon qui lorsqu'on regarde au travers déforme le monde qui nous entoure.